Appréhender Dieu         

--Par Aiden Tozer  (1ère partie)

Goûtez et constatez que l'Éternel est bon. —Psaume 34:9

Pour la plupart des gens, Dieu est une déduction logique, Il n’est pas une réalité. Il est une déduction tirée de preuves qu’ils considèrent comme acceptables; mais Il reste un inconnu pour l’individu. « Il doit nécessairement exister », disent-ils « par conséquent, nous croyons qu’Il existe. »

D’autres ne vont même pas jusque-là; ils ne Le connaissent que par ouï-dire. Ils ne se sont jamais donné la peine d’y réfléchir par eux-mêmes, mais ils ont entendu parler de Lui et ils ont relégué la foi en Dieu dans un coin de leur esprit, avec tout le bric-à-brac qui constitue la totalité de ce qu’ils croient.

Pour beaucoup d’autres, Dieu est un idéal, un autre nom pour désigner la bonté, ou la beauté, ou la vérité; ou bien Il est la loi, ou la vie, ou la pulsion créatrice qui est à l’origine du phénomène de l’existence.

Ces différentes conceptions de Dieu sont nombreuses et diverses, mais tous ceux qui y adhèrent ont un point en commun: ils ne connaissent pas Dieu personnellement. L’idée qu’ils pourraient Le connaître intimement ne leur a jamais effleuré l’esprit. Certes, ils admettent Son existence, mais ils ne pensent pas qu’on puisse Le connaître au sens où l’on connaît des gens ou des choses.

Nul doute que les chrétiens vont plus loin que cela, du moins en théorie. Leur foi leur demande de croire en un Dieu personnel. … Néanmoins, pour des millions de chrétiens, Dieu n’est pas plus réel que pour les non-chrétiens. Ils passent leur vie à essayer d’aimer un idéal et d’être loyaux à un simple principe.

A l’opposé, et au-dessus, de ce flou nébuleux, il y a la clarté de la doctrine biblique qui affirme que Dieu peut être connu par une expérience personnelle. Une Personnalité aimante domine la Bible, marche parmi les arbres du jardin et répand Son parfum sur toutes ces scènes. Une Personne vivante est toujours là, qui parle, qui implore, qui aime, qui est à l’œuvre, et qui se manifeste chaque fois que Son peuple a la réceptivité nécessaire pour recevoir cette manifestation.

La Bible considère comme une évidence que les hommes peuvent connaître Dieu avec au moins le même niveau d’instantanéité et d’immédiateté qui leur permet de connaître une autre personne, ou une chose, qui entre dans leur champ d’expérience. Les termes employés pour exprimer la connaissance de Dieu sont les mêmes que ceux qu’on emploie pour exprimer la connaissance de choses physiques. « Goûtez et constatez que l'Éternel est bon. » « Myrrhe, aloès, cannelle embaument Tes habits dans les palais d'ivoire. » « Mes brebis écoutent Ma voix. » « Heureux ceux dont le cœur est pur, car ils verront Dieu. »[i] Et ce ne sont que quatre versets  parmi de nombreux autres passages similaires de la Parole de Dieu. Et ce qui est encore plus important qu’aucune preuve écrite, c’est le fait que toute la teneur de la Bible va dans le sens de cette croyance.

Qu’est-ce que cela peut signifier sinon que nous avons, dans notre être intérieur, des organes qui nous permettent de prendre connaissance de Dieu aussi sûrement que nous connaissons les choses matérielles par l’intermédiaire de nos cinq sens ? Nous appréhendons le monde physique en exerçant les facultés que nous avons reçues à cet effet, et nous avons des facultés spirituelles grâce auxquelles nous pouvons connaître Dieu et le monde spirituel, si nous obéissons à l’appel de l’Esprit et que nous commençons à en faire usage.

Comment se fait-il que [nous] en sachions si peu sur cette communion habituelle et consciente avec Dieu que les Ecritures semblent nous offrir? C’est tout simplement dû à notre scepticisme chronique. La foi permet à nos sens spirituels de fonctionner. Quand la foi est défaillante, il en résulte une insensibilité intérieure et un engourdissement envers les choses spirituelles. C’est l’état dans lequel se trouvent un grand nombre de chrétiens aujourd’hui.

Un royaume spirituel existe tout autour de nous ; il nous englobe, il nous embrasse, il est là, tout près, à portée de notre être intérieur, attendant que nous le reconnaissions. Dieu Lui-même est là qui attend notre réponse à Sa Présence. Ce monde éternel deviendra réalité pour nous à l’instant même où nous commencerons à admettre sa réalité.

Qu’est-ce que j’entends par réalité? Je parle de ce qui existe indépendamment de la conception ou de l’idée qu’un être doté d’intelligence peut en avoir ou s’en faire, et qui existerait même si aucune intelligence ne s’en faisait une quelconque idée. Tout ce qui est réel existe en soi et ne dépend pas d’un observateur pour valider son existence. 

L’homme simple et sincère sait que le monde est réel. Il le retrouve dès qu’il reprend conscience à son réveil, et il sait qu’il ne l’a pas créé en y pensant. Il était déjà là à l’attendre quand il est arrivé, et il sait que quand il sera sur le point de quitter ce bas monde, il sera toujours là pour lui dire au revoir au moment où il partira. La profonde sagesse de la vie le rend plus sage que mille hommes qui doutent. Il a les pieds bien ancrés sur la terre, il sent le vent et la pluie sur son visage, et il sait que ce sont des choses réelles. Le jour, il voit le soleil, et la nuit, les étoiles. Il voit l’éclair surgir des nuages noirs, les soirs d’orage. Il entend les sons de la nature et les cris de joie et de douleur des hommes. Il sait que c’est réel. Le soir venu, il s’allonge dans la fraîcheur de la terre et il n’a pas peur que ce ne soit qu’une illusion ou que tout cela disparaisse pendant son sommeil. Le matin, ses pieds fouleront la terre, l’azur du ciel sera au-dessus de lui, et les rochers et les arbres seront toujours au même endroit que lorsqu’il s’est endormi la veille au soir. Il vit dans un monde de réalité et s’en réjouit. Il étreint le monde réel de tous ses sens.

D’après notre définition, Dieu est  réel, Lui aussi. Il est réel au sens absolu et final, comme rien d’autre ne l’est. Toute autre réalité est contingente à la Sienne. La réalité ultime c’est Dieu, qui est l’Auteur de cette réalité inférieure et dépendante, laquelle est la totalité de tout ce qui a été créé, y compris nous-mêmes. Dieu a une existence objective, indépendamment et en dehors de toute conception que nous pourrions avoir à son sujet.  (A suivre)

 



[i] Psaume 34:8, 45:8; Jean 10:27; Matthieu 5:8.